La BCE a retardé l’introduction d’un nouveau système de paiement en invoquant la géopolitique et le besoin de stabilité, ce qui pourrait avoir convaincu les marchés que la Banque centrale européenne sera désormais plus prudente en matière de politiques monétaires. Le nouveau système de paiement est associé au modèle T2 de gestion des liquidités qui était censé être introduit le 21 novembre. Il a été repoussé à mars prochain, la BCE déclarant que ce retard est « motivé par la nécessité d’accorder aux utilisateurs suffisamment de temps pour effectuer leurs essais dans un environnement stable ».
Les Officiels ont déclaré que la décision « tenait compte de l’importance et de la nature systémique de T2, notamment au vu des conditions géopolitiques actuelles et de la volatilité des marchés financiers ». Ces commentaires suggèrent que la situation globale pèse de plus en plus sur l’esprit de la BCE et pourrait également avoir un impact sur la décision politique de la semaine prochaine.
Le président de la BCE, M. Nagel, souhaite réduire rapidement les actifs détenus. Le président de la Bundesbank a déclaré hier soir qu' »il est important de se pencher sur les avoirs obligataires élevés », ajoutant qu’ « il y a de bonnes raisons de ne pas remplacer sous peu toutes les obligations arrivant à échéance ». La BCE devant ramener les taux d’intérêt à un niveau neutre d’ici la fin de l’année, la question du QT deviendra un sujet brûlant au début de 2023, bien que le problème pour la banque centrale soit le fait que le réinvestissement flexible des remboursements est la seule option dont elle dispose actuellement pour maintenir les spreads. La BCE, à moins de déclencher le nouveau mécanisme d’achat d’obligations d’urgence, supprimerait le soutien restant en particulier pour les BTP, dans le cas où les remboursements ne seraient plus réinvestis, cependant ce serait un processus lent et long d’autant que, à moins que les marchés ne perdent confiance dans la politique fiscale de l’Italie, ce qui constitue une possibilité, l’impact devrait être limité.
La BCE est en passe de ramener le taux de dépôt à 2 % d’ici la fin de l’année. M. Villeroy de la BCE annonce un ralentissement du resserrement monétaire l’année prochaine et a répété qu’une fois que les taux d’intérêt directeurs auront atteint un niveau neutre, ce qui devrait être le cas d’ici la fin de l’année, la BCE pourra ralentir le rythme de son resserrement. Villeroy semble situer le niveau neutre du taux de dépôt à 2,0 %, ce qui, avec une nouvelle hausse de 75 pb le 27 octobre et une autre de 50 pb en décembre, donnerait à la BCE un peu de temps pour évaluer la situation. Le président de la Bundesbank, M. Nagel, a quant à lui averti que la BCE devait rapidement ralentir son soutien, sans toutefois « s’arrêter trop tôt ». Ces commentaires indiquent que si la BCE semble à peu près d’accord concernant les perspectives de la fin d’année, la décision pour l’année prochaine sera plus difficile, d’autant plus que M. Villeroy a également signalé une certaine nervosité concernant la situation au Royaume-Uni, où le risque d’un » cercle vicieux » a incité la BoE à relancer les achats d’obligations, ce qui compliquera le tableau lorsque les banques centrales discuteront du QT.
Dans l’intervalle, du point de vue des données, le déficit de la balance courante de la zone euro continue de se creuser. La forte hausse du coût des inputs a réduit à néant l’excédent commercial de la zone euro et a également entraîné un déficit de la balance courante. Le déficit s’est établi à -26,3 milliards d’euros en août, après -20,0 milliards d’euros en juillet. La balance des revenus secondaires est également restée fermement négative, c’est la détérioration de la balance des biens qui a fait basculer le compte courant dans le déficit. Avec des gouvernements poussés à faire des économies pour atténuer la crise du coût de la vie ainsi que la pression de la hausse des coûts de l’énergie, la zone euro est confrontée à un double déficit, ce qui accroît la tension sur l’euro.
Étant donné que les responsables de la BCE signalent déjà un ralentissement potentiel des mesures de resserrement de la politique monétaire l’année prochaine, et que la Fed reste inébranlablement belliciste, les chances que la paire EURUSD remonte au-dessus de la parité semblent plutôt minces pour le moment. L’amélioration de l’appétit pour le risque a peut-être stoppé l’ascension du dollar US pour le moment, mais il faudrait probablement un bouleversement au sein de la Fed ainsi qu’un signal de la part des responsables américains indiquant qu’ils ne sont plus satisfaits de la vigueur du dollar pour donner à la paire EURUSD un élan durable.
Hier, la paire EURUSD a enregistré un nouveau repli à partir du 50-DMA qui, de manière intéressante, elle entre en conflit avec la ligne du canal supérieur à 5 mois. Selon le RSI, le marché pourrait se maintenir à 0,9800 à court terme car le RSI est neutre. Cependant, à moyen et long terme, il devrait rester sous pression, le RSI étant incapable de dépasser les 50 sur l’ensemble de l’année tandis que l’oscillateur MACD se situe bien en dessous du niveau zéro.
A l’inverse, le prix pourrait tenter de tester à nouveau la SMA à 50 jours et le niveau de parité à 1.0000, qui, s’il est franchi avec succès, pourrait ouvrir la porte au niveau de 1.0100, mais un tel mouvement semble peu probable. Un retournement à la baisse, en revanche, pourrait trouver un support immédiat au niveau des mois de Septembre-Octobre à 0.9530–0.9600.
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Andria Pichidi
Analyste financière
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